À la tête de la Maison de la Danse de Lyon depuis plus que trois décenies, Guy Dramet, a cédé la direction de cete instituition, pendant le mois de Juillet de 2011, à la chorégraphe Dominique Hervieu, comme annoncé.
Darmet, 63 ans, a passé 31 ans à la tête de la Maison de la Danse de Lyon, lieu unique et marcant pour touts les amants de la danse.
Pour ce fils d’industriels de la soie, qui a "grandi dans le chiffon" et goûte toujours les couleurs vives, la danse est d’abord "un art de l’émotion" qu’il a découvert en 1951, ébloui par les Ballets du Marquis de Cuevas au théâtre antique de Fourvière.
"J’avais quatre ans. En rentrant j’ai dit à ma mère: je veux être danseur", se souvient-il.
Pratiquant amateur aux goûts variés – barre au sol, claquettes, rock – il ne devient pas interprète professionnel. Mais ni ses études de droit ni ses premiers emplois, "top model pour Carrefour" puis commercial pour le magazine Résonances, ne l’éloignent de la danse.
Chez Résonances, de 1974 à 1979, il déborde vite de ses attributions pour organiser des événements autour du cinéma, du théâtre et de la danse puis couvrir ces trois secteurs. Devenu journaliste, il plonge dans l’effervescence chorégraphique de la capitale des Gaules.
Après la création en 1969 du Ballet de l’Opéra de Lyon, la danse connaît en effet ses premiers succès populaires et confronte chorégraphes et créateurs issus des arts plastiques, se posant en "art qui questionne les autres arts", raconte-t-il.
A l’initiative de quatre chorégraphes naît le projet d’un lieu dédié à la danse, cantonnée jusque là aux théâtres et opéras. Ses promoteurs offrent la direction de la Maison de la Danse (MDD) au jeune critique, qui prône "un lieu à dimension internationale".
4 janvier 1980: dès la soirée inaugurale, mêlant classique et avant-garde, la fracture entre chapelles esthétiques se révèle. Atterré par les quolibets des spectateurs, le directeur mesure la force des caricatures, "+chignon-tutu+ d’un côté et +roulés-boulés+ de l’autre".
"Heureusement la +danse blanche avec Eliane+, un solo de Dominique Bagouet, avait réconcilié tout le monde", nuance-t-il.
En 1981, l’arrivée de Jack Lang au ministère de la Culture accélère le développement de la petite structure. "Sincèrement intéressé par la danse", il favorise l’émergence d’une génération d’artistes.
La MDD accompagne le mouvement en lançant en 1984 sa première Biennale de la Danse, enrichie à partir de 1992 d’un "Défilé" inspiré du Carnaval de Rio. Des créateurs de tous les continents s’y pressent, de Carolyn Carlson aux Brésiliens de Grupo Corpo, et de jeunes chorégraphes s’y révèlent.
"Ce que je dois à Guy Darmet ? Tout !", confiait à l’automne dernier l’un des chefs de file du hip hop lyonnais, Mourad Merzouki, dont la compagnie Käfig tourne désormais dans le monde entier.
Au fil des ans, l’affluence de cette institution sans équivalent ne cesse de gonfler, avec environ 180.000 spectateurs l’an dernier, pour une programmation mêlant danse africaine, flamenco, claquettes, comédies musicales et oeuvres expérimentales.
Mais son directeur emblématique, après un infarctus, annonce dès 2004 son intention de passer la main. Il participe en 2010 au choix de Dominique Hervieu pour une prise de fonctions en 2011, soucieux "que cette succession soit bien préparée".
Amoureux du Brésil depuis longtemps, le jeune retraité y passera la moitié de l’année et s’efforcera "d’aider les artistes sud-américains à tourner en Europe et réciproquement". Il envisage aussi de renouer avec la programmation à la Cité des Arts, un gigantesque théâtre qui va s’ouvrir à Rio de Janeiro.
Philippe Merle