LA VIOLENCE AU BOLCHOI

LA VIOLENCE AU BOLCHOI

sergei_filin

Le directeur artistique du célèbre théâtre moscovite, Sergueï Filine, a été gravement brûlé au visage suite à une agression.

L’enquête sur l’agression à l’acide du directeur artistique du Bolchoï est menée au sein du théâtre, a déclaré samedi le directeur général Anatoli Iksanov, devant l’hôpital où Filine est soigné pour de graves brûlures au visage et aux yeux. «L’enquête est en cours, un groupe d’enquête a été formé», a déclaré M. Iksanov à la télévision publique Rossia 24. «Les membres de ce groupe d’enquête travaillent pour la deuxième journée consécutive au théâtre, ils interrogent les employés du théâtre, les artistes», a-t-il ajouté.

Un enquêteur «a discuté avec Sergueï pendant deux heures» samedi, a ajouté le directeur général, devant l’hôpital n°36 de la ville de Moscou, l’un des principaux services d’urgence de la capitale russe. «Le processus (d’enquête) est en cours, mais seuls les enquêteurs peuvent en définitive déterminer qui est le coupable, quels sont les mobiles», a ajouté le directeur général. M. Iksanov s’est rendu samedi avec le ministre russe de la Culture Vladimir Medinski au chevet de Sergueï Filine, 42 ans, qui souffre de brûlures au troisième degré au visage et à la cornée des deux yeux.

Le ballet, un monde cruel

L’ancien danseur, nommé en 2011 au poste de directeur artistique du ballet du Bolchoï, a été attaqué jeudi soir tard par un inconnu qui lui a jeté de l’acide au visage, en bas de son immeuble dans le centre de Moscou. L’agression a suscité une vive émotion en Russie. Dès les premières heures, les collègues de Sergueï Filine ont déclaré privilégier la piste d’un règlement de comptes professionnel, décrivant un univers de rivalités acerbes dans les coulisses et autour du théâtre le plus prestigieux du pays.

«Le directeur artistique prend des décisions très importantes, sur la rémunération des artistes, sur qui jouera quel rôle», a expliqué une ancienne danseuse du Bolchoï, Anastasia Volotchkova, mettant en exergue la «cruauté du monde du ballet». Devant la presse convoquée vendredi au théâtre, le directeur du Bolchoï avait révélé que Sergueï Filine avait fait l’objet de menaces, et avait vu sa messagerie et son compte facebook piratés, son téléphone bombardé d’appels muets, les pneus de sa voiture crevés ces dernières semaines.

En 2011, un autre candidat au poste, Guennadi Ianine, directeur du ballet, avait renoncé et démissionné du Bolchoï après la diffusion sur internet de photos pornographiques. La police moscovite a, elle aussi, dit privilégier la piste de son entourage professionnel. Les médias russes ont fait état de soupçons dont auraient fait part en privé des artistes du Bolchoï et des proches de Sergueï Filine, sans qu’aucun nom ne soit cité.

Ses yeux en danger

Le directeur général du Bolchoï a expliqué avoir pu discuter samedi avec Sergueï Filine dans sa chambre d’hôpital. L’ex-danseur, qui était apparu sur des images télévisées vendredi le visage et la tête entièrement bandés, a subi une intervention chirurgicale aux yeux le même jour. «Les plus grandes inquiétudes des médecins concernent ses traumatismes aux yeux», a déclaré M. Iksanov. Une seconde opération aux yeux est prévue pour la semaine prochaine.

Le médecin-chef de l’hôpital n°36, Alexandre Mtitchkine, a souligné qu’aucune complication n’était observée, mais qu’il était trop tôt pour faire un quelconque pronostic. Selon la chaîne de télévision Rossia 24, Sergueï Filine perçoit la lumière à travers les pansements qui recouvrent ses yeux. Outre la question de sa vue, ses brûlures au visage devraient requérir ultérieurement des opérations de chirurgie esthétique, selon les médias. «J’ai cru qu’on allait me tirer dessus. Je me suis retourné pour m’enfuir, mais il m’a rattrapé et il m’a aspergé le visage», avait-il pu raconter vendredi matin dans sa chambre d’hôpital.

Le Premier ministre Dmitri Medvedev a souhaité vendredi que les auteurs de l’attaque soient «sévèrement punis».

(AFP)

Libération

Published by Antonio Laginha

Autoria e redação

António Laginha, editor e autor da maioria dos textos da RD, escreve como aprendeu antes do pretenso Acordo Ortográfico de 1990, o qual não foi ratificado por todos os países de língua portuguesa.

error: Content is protected !!